En grand fan des conférences TED, je suis tombé récemment sur l’intervention d’Emilie Wapnick au TEDxBend en avril 2015. En 12 minutes et 26 secondes, Emilie (coach, artiste et écrivain, entre autres…) nous explique qu’il ne faut plus complexer d’être polyvalent, multitâche, multi-casquettes, curieux ou touche-à-tout. Elle a inventé un nouveau mot pour exprimer ça : « multipotentialite » en anglais, traduit en « multi-potentialiste » en français.
Le multi-potentialiste : ce curieux, distrait, dispersé et instable
Peut-être êtes-vous vous-même un multi-potentialiste, sinon vous connaissez forcément quelqu’un de ce type dans votre entourage. Vous savez, ces gens qui se passionnent très vite pour de multiples thématiques, que ce soit professionnellement ou sur un plan plus personnel, mais qui changent d’orientation aussi vite. Ce qui en ressort le plus souvent ce sont des critiques basées autour des termes suivants pour qualifier ces personnes : dispersé, fainéant, velléitaire, distrait, rêveur, utopiste, insatisfait… Des gens qui sont passionnés, qui parfois ont de bonnes idées, mais qui vont rarement au bout.
Mais c’est quoi le bout ? Une thématique, un concept, une entreprise, un objectif peut avoir un bout, une finalité plus ou moins distante selon le point de vue. A partir de quel moment on peut estimer qu’on est allé au bout ou au fond des choses, d’un projet ? C’est à celui qui entreprend la démarche de l’estimer et pas aux autres. Du moins c’est ce que je pense (là j’extrapole un peu sur la base de ce qu’a exposé Emilie Wapnick). Mais l’idée est là.
« Que veux tu faire plus tard, petit ? »
Ce qu’explique Emilie Wapnick dans son discours, c’est que depuis qu’on est enfant, tout nous pousse à choisir une voie, une seule, et à s’y tenir. « Que veux-tu faire plus tard ? » : vous la connaissez bien cette question, non ? On s’attend à une seule réponse, en général un métier. On trouverait ça déroutant, voire flippant, que notre interlocuteur se lance dans un listing d’activités qu’il aimerait bien exercer. Cette vision des choses frustre de nombreuses personnes et joue négativement sur leur confiance en elle.
Les multi-potentialistes, se sentent souvent en marge et peuvent avoir une opinion assez désastreuse d’eux-même s’ils se comparent à des bourreaux de travail hyper concentrés qui se donnent corps et âmes dans un métier, une carrière, parfois pendant plusieurs dizaines d’années sans sourciller. Ces gens sont « stables », « solides », « décidés », « motivés », « constructifs », « droits », « courageux »… Tout l’inverse du touche-à-tout qui est tellement curieux de tout qu’il n’arrive pas à rester plus de 3-4 ans dans un métier, qui change de sport chaque année, qui se lance dans un nouvel hobby sans avoir acquis une parfaite maîtrise de la technique. Le multi-potentialiste se lasse vite et parfois se laisse séduire par de nouvelles sirènes croisées sur sa route, et hop il change de direction.
« Il n’y a rien qui cloche. Ce que vous êtes, c’est un multi-potentialiste. »
Emilie Wapnick nous dit : « La notion d’une vie étroitement concentrée est franchement romantisée dans notre culture. C’est l’idée de destinée ou d’une véritable vocation, l’idée qu’on a tous une grande chose qu’on est censé faire pendant notre temps sur Terre, et qu’on doit découvrir ce qu’est cette chose et y dévouer notre vie. Mais si vous êtes quelqu’un qui n’est pas câblé de cette façon ? Et si vous êtes curieux à propos de plusieurs sujets, et que vous voulez faire plein de choses ? Bah, il n’y a pas de place pour des gens comme vous dans cette structure. Et vous pouvez vous sentir isolé. Vous aurez peut-être le sentiment de ne pas avoir de but, ou qu’il y quelque chose qui cloche chez vous. Il n’y a rien qui cloche. Ce que vous êtes, c’est un multi-potentialiste. »
Multi-potentialiste : les avantages
Voyons maintenant, à travers les mots d’Emilie Wapnick, les avantages d’être multi-potentialiste :
« La synthèse des idées : Combiner deux ou trois domaines et créer quelque chose de nouveau à l’intersection. »
« L’apprentissage rapide : Quand on est multi-potentialiste et qu’on s’intéresse à quelque chose, on y va à fond. On observe tout ce que l’on a sous la main. On est aussi habitué à être débutant, parce qu’on a déjà été un débutant tellement de fois, ce qui veut dire qu’on a moins peur d’essayer de nouvelles choses et de sortir de notre zone de confort. »
« L’adaptabilité : C’est la capacité de se transformer en ce que vous avez besoin d’être dans une situation donnée. »
« En tant que société, nous avons un intérêt précis à encourager un multi-potentialiste à être lui-même. »
Emilie Wapnuck nous dit ensuite quelque chose qui va clairement flatter l’ego de ceux, comme moi, qui se sentent concernés : « Synthétiser les idées, apprendre rapidement et être adaptable, sont trois compétences qu’ont les multi-potentialistes, et qu’ils risquent de perdre s’ils se forcent à réduire leurs intérêts. En tant que société, nous avons un intérêt précis à encourager un multi-potentialiste à être lui-même. On a beaucoup de problèmes complexes, multidimensionnels dans le monde, et nous avons besoin de penseurs créatifs, qui pensent autrement pour s’y attaquer. »
En gros c’est à nous de sauver le monde et la planète n’attend que nous ! Nous sommes les super-héros de demain ! Yipikaï !